Pierre Mériaux, conseiller délégué à la montagne de la ville de Grenoble et membre de la FEVE, a cosigné ce courrier contre les canons à neige et pour un investissement dans la montagne des 4 saisons.
Forcalquier, le 19 octobre 2017,
Madame, Monsieur,
Cher-es collègues,
Nous sommes tous élus sur un territoire particulier : la montagne. Un territoire aussi époustouflant que vulnérable. Nous sommes les premiers témoins des effets du changement climatique, de la fonte des glaces et des écroulements qui s’aggravent.
Cette situation particulière qui est la nôtre, élus de montagne, doit nous inciter à être à la pointe des politiques d’adaptation au changement climatique et à penser avant tout aux habitants actuels et futurs de nos territoires.
Hélas, au lieu d’anticiper, on nous invite à foncer dans le mur : depuis la première Loi Montagne de Valéry Giscard d’Estaing, les politiques publiques n’ont pas beaucoup évolué et restent majoritairement dédiées au ski et aux canons à neige, pour des stations qui ne représentent que 3 % du territoire de montagne et au bénéfice de touristes de plus en plus fortunés. Pourtant, dans nos montagnes, il existe bien d’autres projets, portés par des habitants qui y vivent, et en vivent, toute l’année !
L’argent public investi dans la neige artificielle non seulement ne va pas sur ces autres projets locaux, mais en plus il met en péril les finances des stations : les canons à neige nous endettent. Car si 28 millions d’euros ont déjà été dépensés sur ces canons pour la seule Région Auvergne Rhône Alpes, les sommes restant à charge des communes risquent de se faire à perte : en effet, pour fonctionner ces canons ont besoin de beaucoup d’eau, d’énergie et de températures négatives, autant de choses qui manquent de plus en plus cruellement à nos montagnes !
Ainsi, à l’heure où l’on se bat pour garder la gestion communale de l’eau, il est important de noter que pour un hectare de neige artificielle, il faut 4.000 mètres cube d’eau.
A l’heure où tous les scientifiques s’accordent sur le réchauffement climatique, il est utile de rappeler que ces canons à neige ne fonctionnent que quand la température est comprise entre -10 et 2°C.
Veut-on voir fleurir en montagne des cimetières de canons qu’on n’aura pas fini de payer ?
Les études les plus récentes prévoient qu’en 2100 il n’y aura plus une seule station sous 2.500 mètres d’altitude.
Alors ne nous laissons pas berner : misons sur la diversification de nos activités, investissons dans la montagne des 4 saisons ! Choisissons de développer une activité touristique autour de projets locaux, de paysages préservés, de sports de plein air, du bien-être, des circuits aromatiques, des randonnées pédestres et équestres …
Amis, collègues : ne tombons pas dans le piège des effets d’aubaine !
Corinne Morel Darleux, conseillère régionale Auvergne Rhône-Alpes, membre de la commission montagne
Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère
Pierre Mériaux, conseiller délégué à la montagne de la ville de Grenoble Émilie Marche, conseillère régionale Auvergne Rhône-Alpes