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mercredi décembre 20, 2023

Loi immigration : s’il le faut nous désobéirons !

Le vote du texte sur l’immigration est une victoire des droites sénatoriales dans le bras de fer avec le gouvernement. Aux forceps, la minorité présidentielle s’est alliée avec les Républicains et au passage s’est fait le porte-plume du Rassemblement National. Cette fuite en avant met marque la fin du « en même temps » avec le franchissement de toutes les lignes rouges : quotas d’immigration, délit de solidarité et délit de séjour irrégulier, durcissement du regroupement familial, conditionnement d’accès aux allocations familiales et aux aides au logement, remise en cause du titre de séjour étudiant et du droit du sol… Aucune mesure portée par ce texte n’améliorera la maîtrise de l’immigration ou l’intégration des personnes. Pire, il va précariser des milliers d’étrangers et dexilés, et également mettre en difficulté les bénévoles, les associations, les professionnels et les collectivités territoriales qui leur viennent en aide.

La victoire idéologique de lextrême droite est totale. Les quelques mesures d’intégration présentes dans le texte initial ont été sacrifiées, celles qui demeurent sont symboliques. Comment dénoncer les marchands de sommeil quand on risque l’expulsion ? Comment engager les démarches de régularisation quand on travaille sans papier dans ce tel cadre ?  Comment imaginer que l’interdiction des mineurs dans les CRA soit une avancée et non un retour au droit, demandé à de multiples reprises à notre pays par la CEDH ? Les élu·es écologistes dénoncent les méthodes employées par le gouvernement pour imposer un texte abject, qui efface les frontières entre le centre-droit et la droite extrême. Emmanuel Macron nous avait promis un barrage et sa prise en compte du vote de l’arc humaniste, il offre aujourd’hui un boulevard à son adversaire des deux derniers seconds tours de l’élection présidentielle.

Hier soir, Sénat et Assemblée nationale ont voté un texte qui demande aux collectivités d’appliquer des politiques sociales xénophobes et discriminantes. Alors que les départements et les communes mettent en œuvre des politiques inclusives de solidarité, d’humanité et de justice sociale, il faudrait que les étrangers en situation régulière ne bénéficient plus de leurs services ? Nous les appelons à désobéir. Nous les appelons à être le bouclier républicain face à la préférence nationale. Nous appelons le Président de la République et son gouvernement à la raison. Pour faire face à l’urgence humanitaire et garantir un accueil digne pour toutes et tous, nous leur demandons d’être aux côtés des territoires, des associations et des citoyen·nes maintenant ainsi le sens des valeurs républicaines : liberté, égalité, fraternité. 

Catherine HERVIEU, présidente de la FEVE
Catherine CANDELIER, secrétaire du CA de la FEVE
Jean-Luc DUMESNIL, trésorier de la FEVE