La Feve et ses adhérent•es sont signataires de cette tribune parue dans Libération le 25 oct 2024.
Plus de 600 maires et élu•es locaux, certain•es touchés de plein fouet par les inondations récentes, s’élèvent contre la coupe budgétaire de 1,5 milliard d’euros du Fonds vert annoncée dans le budget.
Monsieur le Premier ministre,
Les collectivités territoriales sont en première ligne pour faire face aux effets du réchauffement climatique à l’échelle communale, départementale ou régionale. C’est l’échelon principal qui dispose des leviers pour protéger les citoyen·nes français·es : construire, adapter, rénover les bâtiments publics, instruire les permis de construire et élaborer des documents d’urbanisme, végétaliser, rénover les réseaux d’eau, soutenir les services départementaux d’incendie et de secours, appuyer la transition agricole, etc. C’est la maille idéale pour l’action vers la résilience. Pour faire un travail de couture, de dentelle en la matière, en proximité.
Le changement climatique affecte davantage les plus précaires, les personnes marginalisées, les femmes, les personnes âgées et isolées. Pour les protéger, les politiques sociales des collectivités et la collaboration des échelons locaux sont indispensables, tout comme la mise en œuvre d’un accompagnement vers la transition écologique, à chaque instant, des habitantes et des habitants, notamment des plus fragiles.
Les plans précédents sur l’environnement reportés
Les politiques publiques que nous conduisons exigent de mettre en œuvre et de planifier, sans tabou, des mesures d’atténuation et d’adaptation résolues, opiniâtres et sans concession ni omission. L’urgence est de se préparer et de s’adapter aux inéluctables mutations climatiques. C’est un impératif, dans tous les territoires. I4CE et la Banque postale constatent dernièrement que les collectivités investissent de plus en plus en faveur du climat, avec une dizaine de milliards d’euros investis aujourd’hui, contre environ 6 milliards en 2017. Mais pour faire face aux problèmes que nous rencontrons, ce sont 19 milliards d’euros qui seraient nécessaires annuellement.
Nous, élus locaux, sollicitons depuis longtemps le soutien du Parlement et du gouvernement pour accélérer et massifier encore davantage les projets locaux favorables à la transition écologique. Nous avons été déçus de constater les reports successifs des plans programmatiques – Stratégie nationale bas-carbone, Programmation pluriannuelle de l’énergie, Plan national d’adaptation au changement climatique – que vous aviez pourtant l’obligation légale de publier au 1er juillet 2023. Cette exigence vous a été rappelée par le Haut Conseil pour le climat et les organisations porteuses de l’Affaire du siècle, le 4 octobre dernier.
Pire, comment pouvez-vous annoncer la concertation autour d’un plan d’adaptation et en même temps la coupe budgétaire d’1,5 milliard d’euros du Fonds vert, dont l’objet est justement «d’accélérer la transition écologique dans les territoires», ainsi que priver les collectivités de 5 milliards d’euros dans le projet de loi de finances 2025 ?
C’est tout l’inverse qu’il faut faire en soutenant davantage, humainement, financièrement, réglementairement et fiscalement, la transition écologique, l’adaptation, et ainsi les collectivités locales !
Martine Aubry Maire de Lille Grégory Doucet Maire de Lyon Eric Piolle Maire de Grenoble Jeanne Barseghian Maire de Strasbourg Michèle Rubirola Première adjointe au maire de Marseille Léonore Moncond’huy Maire de Poitiers Gilles Poux Maire de La Courneuve Patrice Bessac Maire de Montreuil Nicolas Mayer-Rossignol Maire de Rouen Jean François Debat Maire de Bourg-en-Bresse Danielle Dambach Maire de Schiltigheim et vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg Olivier Bianchi Maire de Clermont-Ferrand Christophe Ferrari Président de la métropole de Grenoble Alexis Ragache Maire de Sotteville-lès-Rouen Romain Evrard Adjoint au maire d’Annonay.
La liste complète des signataires.