Dans cette table ronde animée, deux élues – l’une écologiste au Conseil Départemental, l’autre maire d’une petite commune rurale – confrontent leurs réalités sur le financement des projets locaux. Qui soutient réellement les villages ? Les subventions sont-elles des leviers de l’écologie ou des outils de clientélisme ?

L’échange met en lumière une tension fondamentale : entre l’ambition politique affichée par les départements et la capacité réelle des petites communes à réaliser des projets structurants (surtout écologiques) avec des budgets minimes.

Chloé Gérard Moitié, Vice-Présidente en Loire-Atlantique, présente un département engagé dans une forte solidarité territoriale envers les communes en manque d’ingénierie. Elle y défend ardemment l’écoconditionnalité : l’idée de lier les aides financières départementales à des critères stricts d’efficacité énergétique et d’ambition environnementale.

Vinciane Faber, maire d’une commune de 900 habitant·es, expose sans filtre la dure réalité du terrain. Avec un budget de seulement 500 000 €, sa commune est totalement dépendante des subventions (visant 80 % de couverture par projet). Elle dénonce le système qui oblige les maires à « regarder le catalogue des subventions » au lieu de partir de leurs propres besoins, et critique l’opacité de certains fonds qui frôlent le clientélisme.

Ce débat est crucial pour comprendre l’avenir de nos territoires ruraux.

L’écoconditionnalité : le département veut lier les aides aux critères écologiques. L’élue écologiste explique les freins politiques qui empêchent d’imposer cette rigueur :

Malheureusement, ça n'a pas été retenu. [...] Assumer que si une commune n'a pas une politique qui est à cette hauteur et cette ambition écologique, elle n'aura pas de financement, aujourd'hui malheureusement, ce n'est pas le cas...
— Chloé Girardot Moitié, Vice-présidente de Loire-Atlantique

Le coût de l’amateurisme et l’urgence de bien construire : un exemple concret et choquant d’une médiathèque récente, non isolée, transformée en four l’été et en frigo l’hiver, dépourvu de fibre pour l’accès internet, illustre pourquoi le manque de critères initiaux coûte cher à la collectivité des années plus tard.

Le paradoxe des subventions sur catalogue : la maire expose pourquoi l’obligation de chercher des aides retarde même les projets les plus évidents, inversant la logique de l’action publique.

Ce qui est un peu embêtant finalement, c'est que tout ça ça se passe pas dans le bon sens. C'est-à-dire que on regarde le catalogue des subventions du département et on se dit qu'est-ce qu'on peut faire ? On n'est pas du tout force de proposition...
— Vinciane Faber, Maire de Louvil

Micro-communes et identité territoriale… Le débat s’élargit sur l’avenir des plus petits villages : sont-ils maintenus artificiellement ? Faut-il les fusionner ?

Si en plus on supprime la commune, qu'on la fasse fusionner ou qu'on la noie dans quelque chose de plus grand, et bien, j'ai l'impression qu'on va alimenter encore plus ce sentiment de perdre un peu son histoire, de perdre un peu son identité qui est largement récupérée par l'extrême droite !
— Chloé Girardot Moitié, Vice-présidente de Loire-Atlantique

Si vous êtes élu·e local·e intéressé·e par l’aménagement du territoire, ou si vous vous demandez comment l’argent public est dépensé dans les villages, cette discussion offre des perspectives rares et essentielles.


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